Emploi des personnes handicapées : les préjugés persistent malgré les Jeux

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Une jeune femme passe un entretien d'embauche dans un bureau

Depuis 2018, l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) et l’Ifop mesurent régulièrement la perception du handicap dans le monde de l’emploi à travers un baromètre. La 8ᵉ édition de ce baromètre a été publiée en septembre 2025, un an après les Jeux Paralympiques de Paris. Quels en sont les principaux enseignements ?

Le baromètre dessine un bilan contrasté : malgré une plus grande visibilité médiatique du handicap durant les Jeux, les stéréotypes et les difficultés d’intégration persistent.

Un “effet Jeux” mais des freins toujours forts à l’embauche

L’impact des Paralympiques est notable : 67 % des Français estiment qu’ils ont contribué à améliorer la perception du handicap. Toutefois, les représentations demeurent réductrices, notamment autour du handicap moteur – le fauteuil roulant reste l’image la plus fréquemment évoquée – alors que 80 % des handicaps sont “invisibles”. Une proportion sous-estimée par 92 % des Français.

Concernant l’emploi, 76 % des Français jugent qu’il est difficile d’embaucher une personne handicapée — un niveau record depuis 2018 (67 %). Cette perception est partagée par les personnes handicapées (73 %), les salariés (68 %) et les recruteurs (73 %).

On note aussi des disparités selon la taille et le secteur des entreprises. Dans les TPE (moins de 10 salariés), seulement 25 % des dirigeants jugent facile l’embauche d’une personne handicapée, contre 42 % dans les entreprises de plus de 20 salariés. Dans le secteur agricole, à peine 6 % des dirigeants l’estiment simple, contre 37 % dans le commerce. Le frein principal évoqué est celui des contraintes financières et techniques pour aménager le poste (43 %), bien que les besoins réels d’aménagement soient souvent limités (10 %) et que des aides existent.

La clé du changement passe par l’accompagnement et la sensibilisation

Sur une note plus positive, 59 % des recruteurs affirment être prêts à embaucher des personnes handicapées. Ce taux monte fortement chez les entreprises ayant un référent handicap (91 %) ou bénéficiant d’un accompagnement de l’Agefiph (77 %). La présence d’un référent handicap est d’ailleurs largement plébiscitée : 96 % des dirigeants dotés d’un tel référent estiment qu’il est essentiel pour favoriser l’inclusion.

Enfin, le baromètre souligne que le handicap psychique reste particulièrement stigmatisé : 34 % des salariés disent ne pas être prêts à travailler avec une personne en situation de handicap psychique, et seuls 16 % des dirigeants jugent son intégration facile. Face à cette réalité, l’Agefiph appelle à une mobilisation collective, à une éducation plus grande et à un renforcement des actions de sensibilisation – notamment dans le contexte où la santé mentale a été désignée “Grande cause nationale” en 2025.